Braderie 2014

La Braderie de Lille, c’est le plus grand et le plus célèbre marché aux puces d’Europe. Un week-end festif et populaire où toutes les nationalités, toutes les cultures et toutes les générations se croisent et se mélangent. On y trouve de tout ! De la raquette de tennis au clap de cinéma, du cornet de frites à la lampe d’architecte… Tout se vend et tout s’achète dans cette caverne d’Ali Baba à ciel ouvert, et c’est autour de cet axe que nous avons choisi de travailler, au grand damne des journalistes de la Voix du Nord qui ont trouvé dans cet univers graphique, un véritable défi à relever…


Article de La Voix du Nord – Publié le 06.09.2014

J’ai tenté… les 12 travaux d’Hercule en chinant les 28 objets de l’affiche de la Braderie de Lille

Le graphiste de la mairie est un fou furieux. Qu’avait-il besoin de fourrer vingt-huit bidules dans son dessin ? Des moules et un fauteuil Louis-XV auraient fait l’affaire. Mais non, il a fallu qu’il fayotte. C’est donc lesté d’une liste de courses herculéenne qu’on débarque place Guy-de-Dampierre, hier à 11 h. Et là, très vite, le moral remonte. On tombe illico sur un ours en peluche à 8 € (« Mais c’est celui de Bonne nuit les petits », tente le vendeur), puis, rue de Cambrai, sur des raquettes de ping-pong (50 centimes les quatre), une lampe de mineur à 50 € (« elle vient de ma grand-mère », plaide l’escroc), des sucettes à 10 centimes, une guitare (sans cordes) à 10 €. Les premières découvertes sont aussi les plus simples… La moisson se poursuit à Moulins : rue Jean-Jaurès, des quilles rescapées d’un bowling de Villeneuve-d’Ascq à 10 € pièce ; rue de Maubeuge, une loupe de brodeuse équipée d’un kit mains libres (une fixation au niveau du cou) à 2 € ; rue d’Arras, un arc de chasse à 600 € (« Et on chasse quoi avec ? – Ce que vous voulez. Même des ours. ») et des palmes, à 2 € la paire (pointure 36) ; place Vanhoenacker, un compas à 3 €. Il est 18 h, désespoir et migraine nous gagnent. On ne le sait pas encore mais la pêche miraculeuse se termine. Des écouteurs (neufs) à 10 € boulevard de la Liberté, un arrosoir en zinc à 12 € et un parasol à 80 € dans la rue Nicolas-Leblanc, un réveil vintage à 3 € rue Jacquemars-Giélée ne font pas illusion : le rythme chute. La cascade de trouvailles vire au compte-gouttes. Un collègue alerte par texto qu’il a pêché des haltères rue de Roubaix et deux ballons de foot et de basket rue Saint-Sauveur. Le journal roulé, ce sera un numéro de la Voix du Nord. Il est 14 h, on totalise 18 objets sur les 28 et il est temps de s’envoyer un petit poulet au curry. La digestion est fructueuse : un mousqueton (en fait un porte-clés), une lampe d’architecte (25 €), un clap de cinéma (30 €) repéré par un ami, et une télé noir et blanc à 75 €, rien que pour la rue Macquart. Et puis… plus rien. La traversée de la façade de l’Esplanade est une traversée du désert, n’étaient les cornets de frites (2,5 € chez les Tontons friteurs) et un clown. Il faut attendre une heure, et un gant de boxe (droit) à 1 € rue Gauthier-de-Châtillon, pour se relancer. Plus que trois. Mais il faut voir lesquels : une toque de chef, des ballerines, des masques de théâtre. Bonne chance ! Il est 18 h, désespoir et migraine nous gagnent. On finit par trouver des masques – de carnaval – rue Saint-Sauveur et on triche pour les ballerines, en nous rabattant sur des chaussons roses. Mais la toque… la toque ! La Braderie regorge de couvre-chefs, képis, casques militaires ou d’escrime, chapkas, chapeaux de cow-boy, bicornes… Mais-il-n’y-a-pas-de-toque. Aucune. Impossible. Cette affiche est une publicité mensongère. Et son graphiste un fieffé filou. Maintenant, quelqu’un a-t-il un cachet d’aspirine ?

Par Sébastien Bergès

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